mercredi 1 mai 2013

Je veux exister

Exister.
Cela parait si simple, si naturel, si élémentaire; qu'il semble incongru de se demander comment exister. Et pourtant...
Et pourtant je passe chaque seconde de mon existence à me demander comment exister dans ce monde.
Je suis une inadaptée. Une inadaptée sociale, qui n'a pas sa place ici, qui doit lutter pour être quelqu'un.
Pourquoi c'est si difficile?

Pourquoi je ne peux pas simplement être sans chercher à devenir un être social?
Car là est tout l'ennui, il y a deux mondes: le monde naturel et le monde social.

J'existe dans le monde naturel, mais le monde social m'est inaccessible sans efforts, des efforts qui me consument et me détruisent.
Je serais heureuse si je n'avais pas à faire partie de ce monde là, parce qu'y entrer signifie laisser une partie de moi derrière moi.
Si je veux exister, je dois abandonner mes rêves, mes espoirs, mes convictions.

Parfois je me dis que c'est trop dur, qu'il vaut tout simplement mieux laisser tomber et se laisser aller.
Mais là où c'est vicieux, c'est que pour vivre, il me faut entrer dans le moule.

La société me prodigue de quoi me nourrir, de quoi dormir, de quoi vous parler ici, de quoi me détendre, de quoi apprendre, de quoi satisfaire ma curiosité et ma soif de savoir... Hélas, je dépend déjà d'elle.
Mais ce n'est pas une amitié à sens unique, elle attend de moi que je lui rende ses égards.

Cela parait naturel à n'importe qui. Exister n'est-elle pas la chose la plus naturelle du monde?
Pour moi, exister, c'est aussi dur que d'apprendre à respirer sous l'eau. Je ne suis pas faite pour ça.

Ce monde de paradoxes m'épuisent, je mets toutes mes forces et toute ma volonté dans le fait d'exister, c'est comme devoir penser à respirer, c'est comme se rapeller qu'on a des jambes alors qu'on n'a jamais appris à s'en servir.
C'est comme être terrassé par sa propre faiblesse.

Je ne demande rien de plus que d'exister, toute mon âme tend vers cela, exister. Je ne sais pas comment m'y prendre.
Je ne sais pas comment faire partie de ce monde.
Je ne sais pas comment avancer dans ce monde.

Ne me parlez pas de volonté, ne me parlez pas d'oisiveté, ne me parlez pas d'efforts, ne me parlez pas de courage, ne me parlez pas de temps, ne me parlez pas d"espérances - vous n'imaginez pas à quel point ces concepts grandissent déjà en moi.
Rien de ce que l'on pourrait me dire ne peut apaiser mes tourments, ils sont beaucoup plus forts que vous et vos mots de réconfort.
Ils sont beaucoup plus fort que moi, les contenir me demande déjà trop d'énergie, il ne m'en reste plus assez pour le reste.

Si seulement je pouvais donner au monde un aperçu de ce qui prend possession de moi. Si seulement je pouvais vous montrer le visage de mes démons.
Plus jamais vous ne me parleriez de volonté, de courage, de paresse, de temps ou d'espoirs.
Si je pouvais montrer au monde mes tourments, on ne me raillerais plus, on ne chercherais plus à se moquer, à me nier ou à me bousculer.
Si je pouvais montrer au monde mes tourments, on ne me forcerais plus à exister socialement, on me laisserais exister simplement.
Laissez moi exister, arrêtez de me demander d'être comme vous. Arrêtez de vouloir de moi ce que je ne peut donner.

Je veux juste exister.


2 commentaires:

  1. Parce qu'il n'y a pas besoin d'etre comme tout le monde pour exister il faut savoir rester qui nous sommes pour avancer. Peu importe les moules, peu importe ce qu'on te demande d'etre le plus important c'est de rester soi-même avant tout. Et tout ceux qui te dises que le probleme c'est toi sont juste des gens qui n'y comprenne rien et qui ne valent pas la peine d'être tes proches ou tes amis s'ils n'arrivent pas à comprendre ce que tu es et comment tu vis les choses.

    Tu fais déja partie de la société mais tu en fais partie à ta maniere comme des millions d'autres gens qui eux aussi sont bien loin de rentrer dans le moule.

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    1. Tu as raison, mais je ne peut pas continuer à être celle que je suis si je veux ne serait-ce que vivre.
      C'est un combat perpétuel qui m'épuise.
      Je serais tellement plus heureuse s'il était admis d'être comme je le suis, mais ce n'est pas le cas.
      Quand je regarde les gens dans la rue, je ne peut m'empêcher de voir la futilité de leur existence, de leurs envies, et des besoins qu'ils se sont créé.
      Je ne peut pas regarder le monde tel qu'il est et vouloir en toute conscience en faire partie.
      Mais je n'ai pas le choix, je dois faire partie de ce monde que je hais tant.
      Je veux vivre de toutes mes forces, mais je n'ai pas envie de faire partie de ce monde qui n'est pas fait pour moi.

      J'ai déjà dégagé les gens qui ne me comprenaient pas, ils n'ont jamais cherché à me connaitre.
      Il y a tellement peu de gens qui comprennent. Et pourtant, j'ai essayé d'expliquer, j'ai essayé vraiment.
      Certains m'ont traité de paresseuse, d'autres m'ont dit que je manquait de volonté, ou qu'il me fallait du courage; mais ces conseils là sont inutiles. Ils ne font que m'acculer.
      Les gens ne comprennent pas la puissance des mots, ils ne savent pas les utiliser.

      Je suis perdue.
      Pour dire les choses concrètement, il me reste moins d'un an pour réussir à entrer dans le monde social, moins d'un ans, parce que 25 marque la limite.
      Je dois entrer dans le moule pour survivre.
      Mes proches me parlent de le faire non pas pour moi, mais par respect pour mes parents qui me logent et me nourrissent, je dois le faire pour mon copain.
      C'est vrai, je le leur doit. Mais personne, personne n'a compris que ce n'était pas fait pour moi.
      Et en même temps, j'aimerai tellement pouvoir sortir de chez moi et faire quelque chose d'aussi ridicule que d'entrer dans un magasin et en ressortir avec la première chose qui aura aiguisé mon intérêt.

      C'est un monde fait de paradoxes. Et je ne sais plus ce que je dois faire, où je dois aller, ni qui je dois être.
      Pour l'instant je voudrais simplement me laisser aller à l'existence la plus élémentaire.
      Je veux seulement que quelqu'un vienne a mes côtés et me dise que tout ira bien, que je n'ai pas besoin du monde.

      J'ai l'impression d'être écrasée par le poids du monde, et je ne suis pas assez forte pour le supporter.

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