vendredi 24 mai 2013

Fête des mères ou fête des fleuristes?

Pour ceux qui l'ignoreraient, comme chaque année le dernier dimanche de mai, c'est la fête des mères. Cette année ça tombe un 26, à noter qu'il y a 26 ans c'était le 28 mai, le jour de la naissance de mon frère.

Bref, ce 26 mai est un jour où comme vous le savez on prépare des cadeaux en papier mâché, où on apporte le p'tit dèj' au lit, où on offre des fleurs et où on dit à notre maman d'amour qu'on l'aime en lui récitant un vieux poème usé jusqu'à l'os.

J'aime ma mère, mais elle comme moi sommes à mille lieux de ce genre de festivités crées de toutes pièces afin de gonfler le chiffre d'affaire de nos amis fleuristes.

Et pourtant, et pourtant oui, je me suis laissée envahir par l'effervéscence de cette fête là, mais pour tout vous dire, je ne le vis pas très bien.
Non pas que ma maman n'en vaille pas la peine ou que je n'aime pas faire de cadeaux, bien au contraire, mais je n'aime pas l'idée, comme à Noël ou à la Saint Valentin, de réserver un jour pour dire à nos proches qu'on les aimes, comme si le reste de l'année on pouvait se permettre de les mésaimer. Ce jour devient un jour hypocrite où l'on se déculpabilise de ne pas avoir ce genre de gestes spontanément le reste de l'année.

Ma maman partage avec moi cette idée, mais bien sûr, ce jour est tellement ancré dans le paysage qu'instinctivement, elle espère un geste en ce jour là, et moi malgré tout je cherche à "marquer le coup".
Bizarre.

Tout ça ne m'a jamais dérrangé, mais cette année, je vois autour de moi, sur le net comme irl des gens, des connaissances ou même Alva qui préparaient cette fête, par envie pour la plupart, et d'un coup du seul, je me suis laisser submerger par une espèce de honte: qu'ai-je a offrir à ma mère?

L'année dernière je lui ai fait un dessin, comme a peu près chaque année. Il y a quelques temps quand j'avais l'argent de ma bourse d'études, je lui ai acheté quelque chose.
Quand nous étions enfants, mon père nous donnait à mon frère et à moi de quoi lui faire un cadeau, et ensuite nous économisions lorsque nous en avions l'occasion pour lui offrir une babiole.

Ma mère adore les éléphant, c'est son animal préféré, son animal fétiche, alors chaque année, on se débrouillait pour lui en trouver un (en terre, en bois, en métal, etc... ), mais elle n'a plus du tout la place d'en accueillir de nouveaux.
Alors il a fallu réfléchir, et quoi de plus sincère pour une maman qu'un cadeau fabriqué par son enfant? Alors depuis je lui fait des dessins, et elle est ravie à chaque fois.

Mais cette année, de voir tout le monde se casser la tête, chercher des idées et chercher quoi acheter, ça m'a foutu un espèce de vide qui m'a atteinte profondément.
Vous le savez, je ne travaille pas, je n'ai donc pas d'argent (du moins pas que j'ai dument gagné, seulement quelques ferrailles qu'on me donne de temps en temps - je n'ai même pas de compte en banque, ma fortune s'élève en ce moment à 1€, et c'est tout ce que j'aurai pour l'instant), et mine de rien, quand on vois autour de soi des gens qui peuvent acheter, on ne peut pas s'empêcher de déprimer même si pour nous l'argent ne signifie pas grand chose.
En tout cas c'est un pouvoir qu'ils ont et que je n'ai pas. Ils ont le pouvoir d'offrir à leur mère le cadeau de leur rêve, moi je ne peut que bricoler une merde qui finira planquée au fond d'un tiroir.

C'est con, je le sais bien, et j'ai souvent cette même pensée quand je vois dehors des gens avec des sacs de shopping entre les mains, je me mets à les haïr parce qu'ils peuvent acheter.

C'est con parce que ma mère se moque bien de tout ça, même si de temps en temps elle me gratifie d'un "oh j'aimerais qu'on m'offre ça", comme si j'y pouvais quoi que ce soit, je la regarde les yeux triste et répond seulement que je n'y peut rien. Ce sur quoi elle enchaine toujours sur un "mais tu vois si tu travaillais aussi, et blah et blah, comme ça tu m'aiderais parce que je peux plus moi"...
Et en disant ça elle ne se rend pas bien compte qu'elle m'enfonce un peu plus, et qu'elle me culpabilise et qu'elle ne me demande pas de travailler pour moi mais pour qu'elle puisse profiter de mon hypothétique paie.
Je sais que je lui doit ce minimum, mais dans mon état ce n'est pas la chose à me dire, et ce n'est certainement pas la chose qui me motive.
Dans ces moments là j'ai juste envie de partir loin, très loin de chez moi et laisser derrière moi ma famille, parce que parfois tout ça m'étouffe et j'ai besoin de vivre pour moi.
Comme le disait André Gide, mon foyer est devenu ma prison, et pour vivre sereinement et heureuse, je dois me détacher de mon foyer.
Mais je lui dois ce minimum.

Mais je dois à ma mère un cadeau décent pour cette prétentieuse fête des mères, parce que c'est ce que font les gens normaux, ils font un cadeau à leur mère.
De fait, j'ai passé l'après midi à chercher désespérément quoi faire, et j'ai fini par fondre en larmes en me disant que j'étais rien de plus qu'une merde incapable de faire ce moindre effort: faire un cadeau à sa mère pour la fête des mères.

C'est Alva qui m'a donné de quoi lui offrir quelque chose: trois pots de fleurs à décorer, des fleurs de trèfles violettes, de la menthe et quatre mini cactus - le tout récupéré dans son jardin.
C'est pas grand chose, mais ça me soulage un peu de me dire que finalement j'arriverais pas les mains vides. Et je sais qu'en voyant ça elle sera ravie.

Mais je ne peut m'empêcher de m'en vouloir parce que je suis incapable de trouver par moi-même un cadeau à ma mère; parce que je me sens minable de pleurer pour une telle bêtise alors que je sais très bien que ma mère comme moi se foutons royalement des fêtes et qu'on a plus souvent l'habitude de se faire des cadeaux n'importe quand qu'une seule fois dans l'année; et parce que encore une fois je suis victime de ma propre inadaptabilité au monde.
Alors qu'il serait si facile de trouver du travail, non, ma tête à décidé que ce serait la chose la plus difficile au monde.

Le résultat: je n'ai pas de boulot: pas d'argent: pas foutue d'offrir à ma mère le cadeau qu'elle mérite.
Et cette année, pour la première fois réellement (pour autant que je m'en souviennes): je suis - et ai conscience d'être - victime de cette sacro-sainte fête des mères et de la pression qu'elle génère.

Bonne fête maman.

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