dimanche 5 mai 2013
Salomé
Je faisais mon tour de Rue 89, lorsque je suis tombée sur cet article: 17 ans, ma première nuit dehors.
C'est le récit que fait Salomé, toxicomane qui raconte sa première nuit dehors, article extrait de son blog Mélange Instable.
Ses mots m'ont bouleversée par leur force, elle met en mots "ces choses là", l'indicible vérité, celle qu'on refuse d'admettre. Après tout, tout ces camés, ces clodos qui se cuitent à la Atlas, qui s'en soucie?
Salomé raconte dans son blog avec une acuité poignante sa vie, du moment où ses parents ont découverts ses penchants pour l'héroine, leur volonté de la caser de force dans un HP - parce que, dit-elle, "quand tu es toxico, les gens ont tous les droits sur toi", sa fugue - et tout ce que cela comporte comme peurs, comme remises en question, comme difficultés, jusqu'à sa reconstruction.
Je pense qu'on aurait tous beaucoup à apprendre de cette jeune fille qui parle sans retenir chaque vérité, aussi laide soit-elle, qui se confie avec autant d'abandon en décrivant un monde que l'on ne connait pas ou tellement peu.
Et je fais partie de ce "on". Je n'ai pas connu la rue et ses vérités, je les ai lu au travers de témoignages (dont deux ouvrages de William S. Burrough), et comme beaucoup j'ai reçu de ce monde une image tronquée.
Difficile de s'imaginer la vérité derrière les clichés tellement ancrés dans l'inconscient collectif, qu'il nous parait normal de refuser l'aumône à un SDF pour qu'il n'aille pas tout dépenser en vinasse bon marché, ou de passer à côté d'eux sans leur adresser ne serais-ce qu'un bonjour poli, ou encore de penser qu'ils "ont l'habitude" ou qu'ils sont des données négligeables dans le monde social.
On leur a peu à peu enlevé le statut d'êtres humains, parce que ne compte plus aujourd'hui que le monde social. Ils sont "marginaux", "dangereux", "inadaptés", "paresseux", "ivrognes", "camés"; mais jamais simplement humains.
Et quand on se préoccupe de leur sort, c'est comme pour flatter notre propre égo, se donner bonne conscience en se disant "chouette, j'ai aidé un clodo, j'suis trop généreux".
Tous ne pensent pas de cette façon, c'est vrai, mais beaucoup ont sur leur visage le masque de l'auto-satisfaction - un masque au travers duquel transparait la pitié - lorsque je les observe glisser une pièce ou un sandwich entre les mains d'un pauvre hère alors qu'ils ont la possibilité de faire tellement plus.
Il est bien loin le temps où chacun laissait sa porte ouverte et un couvert supplémentaire à chaque repas au cas où quelqu'un aurait besoin d'un abris et d'un repas chaud.
Bref, pardon, je m'éloigne du sujet. Et je ne suis pas la mieux placée pour parler de ça.
J'aimerais qu'un jour Salomé publie en un livre l'histoire de sa vie, afin que chacun puisse entendre ce qu'elle a à dire. En attendant, je vous engage à lire son blog, qui pourrait vous en apprendre beaucoup, y compris sur vous même, et vous ouvrir les yeux sur "ces choses là".
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Très touchant effectivement, d'ailleurs l'ensemble de son blog est très intéressant.
RépondreSupprimerTon article est très interessant, je prendrais le temps d'aller voir les liens un peu plus tard car ca m'interesse =)
RépondreSupprimerJe connaissais déjà son blog, et beaucoup de ses articles sont criants de vérités.. :( Celui-ci vient de me marquer au fer rouge.
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