mercredi 4 septembre 2013

Pourquoi je suis en colère?

Ho, je n'ai rien de bien fascinant à raconter, je me faisais juste une réflexion. Souvent il m'arrive de passer d'un état de neutralité où tout va bien et où je suis tout à fait disposée à sourire à un état de colère, de rage, même, incontrôlée et qui ne semble pas avoir de cause réelle.
Alors je me demandais simplement pourquoi je suis en colère.

A vrai dire j'aurai tout un tas de raisons d'être en colère, mais aujourd'hui aucune d'elle n'explique mon humeur. On pourra dire que le coup de mon imprimante n'y est pas pour rien, mais c'est un détail qui n'est pas déclencheur, seulement amplificateur d'un état latent.

J'étais d'assez bonne humeur ce matin - ou plutôt, j'étais d'humeur neutre, mais par la suite la rage à commencé à poindre, à s'installer, et à s'amplifier au fur et à mesure que le temps passait.
Et tout me met dans une rage folle, ça va des gens au marché qui limite me marchent dessus alors que j'ai un sac poubelle de 100L remplie au trois quart sur l'épaule, à la nana qui décide de flâner en plein milieu du trottoir sans se préoccuper de laisser la place aux autres de passer, mon imprimante qui refuse de se connecter à mon ordinateur et qui ainsi déchoie de son statut d'imprimante, et mes doigts qui n'en font qu'à leur tête et font des fautes de frappe tous les deux mots (ce qui, si je n'usait pas de la touche delete, vous donnerai à lire un message codé que même le KGB et la CIA n'auraient su décrypter), mes affaires qui se cassent la gueule à chaque fois que je les effleure, les fils électriques qui pendent partout, ma mère qui passe ses matinées à râler et à se plaindre, la vision de mon père en slip, sa simple présence passive, le bruit, les ouvriers qui travaillent sur l'appart du dessus en mettant leur chérie.fm de merde à fond, la faim que rien ne me donne envie d'assouvir, la chaleur sous ce jean, les piqures de moustique que j'ai gratté jusqu'au sang, re le bruit, tout ce bruit infernal...

Tout ça, ce ne sont que des petites choses sans importance, des choses négligeables qui la plupart du temps me passent au-dessus. Là elles me donnent envie de jeter une chaise contre un mur, de hurler, de laisser s'exprimer une violence contenue qui tambourine comme un diable contre ma poitrine, de l'intérieur, une violence qui veut s'échapper et commencer pièce par pièce à détruire le monde. Envie de tout détruire, de frapper, de déchirer, de fragmenter en un tas de poussière grisâtre que je soufflerais rageusement, afin de finir seule avec moi-même et en paix, enfin en paix, dans le silence.

Mais je ne sais pas d'où viens cette violence, si elle était là depuis toujours ou si elle apparait spontanément d'elle-même.
Elle me fait du mal parce que je sais qu'il faut la contenir et l'empêcher de s'exprimer. Parce que j'ai peur que si je laisse s'échapper un peu de cette colère, je ne puisse tout simplement plus m'arrêter. Elle reste donc bloquée sous ma cage thoracique, elle prend de la place, place qu'elle partage avec madame Angoisse, qui frappe elle aussi de toute ses forces juste là, sous ce qu'on appelle ridiculeusement le plexus solaire.
J'ai l'impression d'être comprimée, d'être à deux doigts d'imploser sous la pression qu'exercent la rage et l'angoisse.

Et rien, rien, si ce n'est une formidable explosion de violence et de haine, ne peut les libérer. Or je ne veut pas devenir mauvaise, même pas si ça peut me permettre de me libérer. J'essaie toujours d'être quelqu'un de bien, je ne peut pas laisser s'échapper la haine, parce qu'en libérant la haine sur les autres, au bout du compte je finirai pas me haïr moi-même.

Mais le revers de cette pensée altruiste, c'est qu'en attendant je dois vivre avec ces forces négatives qui s’imprègnent dans tout mon corps et mon esprit et qui essaient par tous les moyens de s'échapper. C'est comme avoir un ballon de baudruche rempli de cyanur qui se gonfle et prend en volume jour après jour au sein même de mon corps, juste là, au beau milieu de mon torse.

Difficile de faire comprendre qu'il s'agit d'une sensation physique aussi réelle que la douleur que l'on ressent lorsque l'on se pince. L'angoisse, la peur, la haine, la violence, la rage, sont aussi physiques que le fait de sentir la terre sous ses pieds, la chaleur du soleil sur son visage, et la pierre sous ses doigts.
Parfois j'ai envie de percer un trou au milieu de ma poitrine, pour évacuer le trop-plein, pour faire baisser la pression. Et y glisser mes doigts afin d'en extirper le démon qu'on appelle angoisse.

Et maintenant, je voudrais faire taire l'univers, faire disparaitre le monde et être seule dans l'obscurité, seule sans sources de peur, d'angoisse ou de rage. Simplement seule, libre de ne plus penser au monde et à ses faiblesses. Je voudrais m'immerger dans le silence et la solitude.
Du silence juste du silence, un silence salvateur, un silence apaisant, un silence comme celui qui existe dans l'espace, un silence profond qui ne serai jamais perturbé que par la musique des sphères.
J'aimerais trouver la quiétude, le repos, ne plus jamais ressentir cette rage immonde que je finit toujours par retourner contre moi.

Du silence du silence du silence du silence... SILENCE! Tais toi, Le Monde, tu t'es déjà bien assez fait entendre, est-ce que je ne peut pas enfin jouir du silence?

7 commentaires:

  1. Je comprends parfaitement cet article! J'ai eu une grosse période de frustration où je vivais ce que tu décris quasiment quotidiennement, je rentrais chez moi en pleurant et tout m'agaçait X 1000, les gens qui parlent au cinéma, ceux qui marchent trop lentement, les gens qui n'attendent pas que tu descendes du bus pour y monter, le bruit des connards qui font la fête à trois heures du matin en bas de chez toi un mardi soir et que tu es obligé d'entendre parce que tu dois laisser ta fenêtre ouverte au risque d'étouffer...

    J'avais lu quelque part que pour être heureux il fallait passer au-dessus des petits détails qui te pourrissaient l'existence, et je pense que c'est la vérité. J'ai l'impression depuis d'être bien moins agacée par ce qui m'entoure depuis un bout de temps, et je ne sais pas trop comment j'ai fini par prendre du recul. Cela peut paraître vraiment bête mais le fait de faire peut-être beaucoup de sport et d'aller un maximum en concert me permet d'évacuer la rage et de me vider de mes énergies négatives, et après je suis tellement lessivée que je ne suis plus cet énorme ballon qui accumule et qui est toujours sur le point de péter...

    Enfin! Cet article était très bien écrit.
    Prends soin de toi :)

    RépondreSupprimer
  2. Y'a pleins de façon d'extérioriser sa colère. Y'a les façons malsaines dont j'te donnerai pas d'exemples parce que "pas bieng", mais aussi les façons un peu plus saines qui elles valent le coup d'être essayées.

    Pleurer un bon coup, crier dans un coussin (ou pas, mais là tu risques de pas passer inaperçue XD), dessiner, écrire, peindre, cogner un coussin (décidément, pauvre coussins), danser...bref tu sais tout ça je suppose, mais faut essayer de le mettre en pratique.

    Le problème c'est qu'à force de tout garder en soi, au bout d'un moment on ne sait plus comment l'exprimer et l'extérioriser vraiment, ça reste bloqué même si on veux vraiment ouvrir les vannes. Dans ce cas faut trouver le moyen de débloquer le truc, et peut être que ça passe par le dialogue.

    [psy de comptoir]
    T'as peut être besoin de régler certains trucs avec ton entourage aussi, y'a des non-dis, des trucs qui te bouffent dans le comportement de tes proches.
    Tu râles après ton imprimante qui fonctionne pas, après les gens dans la rue, après les coins de tables, mais tout ça c'est juste une colère bien plus profonde qui cherche à s'exprimer. Enfin bon, c'est obvious ce que je dis, mais voila c'est juste pour dire que non, t'es pas en colère "pour rien" et que même si tu ne trouves pas de raison de l'être aujourd'hui ton inconscient lui, il en a une tétrachiées parce que, problèmes toujours pas réglés avec les autres et vie frustrante.
    [/psy de comptoir]

    T'as le droit de me taper pour cette démonstration de psychanalyse pourrave. ahah.

    Allez, courage.

    RépondreSupprimer
  3. Merci vous deux!^^

    Ouais, je devrais très certainement trouver un moyen physique d'évacuer tout ce qui s'est accumulé, parce que le dessin et l'écriture, c'est pas assez puissant.

    Puis en effet y'a la méthode malsaine à laquelle j'ai plus eu recours depuis longtemps, j'essaie de me calmer même s'il s'avère que jusqu'à présent, c'est physiquement la solution la plus efficace que je connaisse. :/

    Alva, et le cri du coussin, tu y penses, au cri du coussin! :o)

    Et nan, je vais pas te taper, t'as raison, mais je me rend compte à quel point c'est difficile de gérer ses émotions quand on sait pas d'où elles sortent.

    Serait temps que je vois un psy, je sais bien, mais je suis pas encore prête à dépenser des thunes pour ça.
    C'est quand même incroyable qu'il faille être socialement intégrée pour se permettre de se payer les services d'une personne qui peut nous aider à être socialement intégré.

    Normalement tout ça c'est pris en charge par la sécu, mais là aussi c'est vraiment très lol, je travaille pas assez pour ne plus être en ayant droit; et le côté vraiment absurde de l'expression "ayant droit" c'est que ça veut dire: "t'as droit à rien, va chier".
    Or j'ai besoin d'une thérapie pour trouver sereinement du taf.

    Le système est vraiment très mal foutu et pas du tout prévu pour les personnes atteintes de phobie sociale, d'agoraphobie ou autres troubles qui empêchent d'avoir une vie professionnelle standard.

    Ce qui veut dire que pour l'instant je dois faire le gros du boulot moi-même. Et, trouver un moyen efficace de ne plus me laisser envahir par les émotions négatives, c'est un truc que je sais pas encore faire.

    Mais bref, j'ai quand même espoir que tout ça va s'arranger... ^^

    RépondreSupprimer
  4. Cet article tellement bien écrit me ramène à l'an dernier quand je pleurais en permanence dès que quelque chose n'allait pas - et les dieux savent à quel point c'était courant. En général, l'accumulation de petits malheurs transforme vite une situation anodine en enfer pathétique - et plus on se rend compte du ridicule de la scène, plus il le devient. Les émotions négatives comme tu dis sont souvent non pas le résultat d'un énorme coup au moral (que l'on assimile plus facilement bizarrement), mais de la célèbre goutte d'eau qui fait déborder le vase et qui rend le quotidien si pesant parfois. Puis les petits tracas déguisent souvent de plus grands troubles. Comme les commentaires précédents, je pense que tu devrais peut-être essayer de créer quelque chose, mais peut-être pas en te limitant au dessin ou à l'écriture. Je sais que je fais parfois de la broderie (dieux, je suis une petite vieille) et ça m'aide pas mal à ne plus penser à rien.

    Je ne saurais que te conseiller de repenser ton intérieur - je suis désolée, j'ignore si tu disposes d'une seule pièce ou de plusieurs chez toi, en y faisant notamment le tri des objets qui t'embarrassent et en t'entourant d'éléments qui te permettraient de t'apaiser un peu. Les plantes, les minéraux, et les objets issus de la nature sont en général de bons moyens de se sentir mieux et il n'y a rien de tel que de se créer un cocon pour se détendre quand la colère devient trop forte.

    Il y a également un travail sur soi-même à effectuer, mais comme toujours, c'est plus facile à dire qu'à faire. Il ne faut pas réfréner ses émotions - ça risque de faire plus de mal que de bien, mais parvenir à les transformer en quelque chose de positif qui ne peut plus te faire souffrir. Il existe plusieurs méthodes pour se faire, j'ai par exemple essayé le yoga et même si on dit beaucoup de chose à son sujet, c'est quelque chose qui t'apprend à respirer pour de bon et à te placer un peu au-dessus du reste.

    Pardonne moi ce commentaire un peu en vrac. Prends soin de toi, dans tous les cas !

    RépondreSupprimer
  5. Merci pour ton soutient et ces précieux conseils. ^^ Justement c'est marrant mais je songeais à changer la déco de ma chambre (je vis encore chez ma mère, donc j'ai qu'une pièce pour moi, et encore on y entre comme dans un moulin - et après on s'étonne quand parfois j'envoie balader ceux qui y entrent!).
    J'ai la sensation qu'il y a besoin de changement, mais matériellement je suis hyper limitée, tout ça, c'est un vrai travail façon Tetris.
    Mais en tout cas c'est une excellente idée, je vais voir si je peux effectuer quelques changements sans trop me compliquer les choses.^^


    Et le yoga c'est vrai que c'est une pratique qui n'a pas toujours une bonne publicité, et pourtant c'est une très bonne discipline pour ce que j'en sais.
    Pour l'instant je me sens pas assez à l'aise avec moi-même ni avec le monde extérieur pour entreprendre quelque pratique que ce soit; mais je songe en premier lieu à reprendre la danse dès que je m'en sentirai capable, et ouais, pourquoi pas le yoga! ^^

    En tout cas merci encore, et merci de m'avoir lue.^^

    RépondreSupprimer
  6. Sinon tu peux investir dans un sac de frappe. :o)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah ah! J'y ai pensé en plus! XD Mais je saurais pas où l'accrocher. :o)

      Supprimer

.

.